Le Cannabis pendant la guerre

Le cannabis pendant la guerre : quand les poilus fumaient du hash

Et si on te disait que de nombreux soldats prenaient du cannabis pendant la guerre ? Et pas n’importe quelle guerre, on te parle de la plupart des conflits depuis la nuit des temps … Utilisé pour affronter les horreurs du front, se montrer plus agressif ou même attaquer indirectement l’ennemi, le cannabis n’est qu’une des nombreuses substances utilisées en temps de guerre au cours de l’histoire … à l'occasion de l’Armistice, on fait le point ensemble.

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Le cannabis pendant la guerre : une substance aux variétés d’utilisations

Le cannabis pendant la guerre : un moyen de décompresser

Lorsque l’on s’intéresse au rôle du cannabis pendant la guerre, on remarque qu’il était utilisé de nombreuses manières, pour pallier aux diverses réalités du front.

 

La plante aidait notamment les soldats à décompresser après les combats. Les effets apaisants et relaxants du CBD et des autres cannabinoïdes leur permettaient ainsi de gérer plus facilement les expériences difficiles, voire traumatisantes. Depuis, on a su démontrer que le cannabis contribue à réduire l’expérience subjective de traumatisme chez les soldats souffrant de stress post-traumatique lorsqu’il était administré régulièrement. 


Protéger l’esprit du soldat face au souvenir des atrocités auxquelles il a participé peut même s’avérer stratégique : ainsi, il sera moins réticent à prendre part à de nouveaux combats. 


En Europe, ce rôle apaisant était historiquement pris en charge par l’alcool. Mais dans d’autres régions, par exemple de confession musulmane, la boisson était remplacée par le hash pour des raisons religieuses. C’est pourquoi les soldats napoléoniens, qui peinaient à s’approvisionner en alcool lors de la campagne d’Égypte, ont eux aussi commencé à en consommer. Une substance très puissante qui a fortement déplu à l’Empereur, le poussant à l’interdire. 


On retrouve également cet usage du cannabis pendant la guerre 1914-1918, quand certains poilus trouvaient du réconfort dans le haschich. Un peu trop, si l’on en croit l’état-major, qui a fini par l’interdire en 1916. Une interdiction qui peut sembler légèrement hypocrite aujourd’hui, quand on sait qu’en parallèle, l’armée fournissait énormément d’alcool aux soldats, notamment le Mariani, un vin qui contenait entre 6 et 7 mg de cocaïne par bouteille d’un demi-litre … 


Une tendance qui s’est poursuivie jusqu’à récemment, si l’on en croit un rapport du Special Action Office for Drug Abuse publié en 1973, qui établissait que 69% des soldats américains consommaient du cannabis pendant la guerre du Vietnam.


Au-delà des effets, on remarque que les substances comme l’alcool ou le cannabis renforçaient la cohésion de groupe et le sentiment de fraternité entre soldats. 

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Soldats français dans une tranchée de première ligne en Argonne, Agence Rol, 1915 - source : Gallica-BnF​​

Un stimulant pour attaquer

C’est une raison qui semble moins évidente, et pourtant, c’est l’usage du cannabis pendant la guerre qui a le plus marqué l’Histoire. Pour une armée, la priorité a, en effet, toujours été de produire des soldats capables de résister à la peur. 


S’ils aident à décompresser, les effets apaisants du CBD contenu dans la plante permettent également de mieux gérer les situations stressantes et de commencer le combat l’esprit plus serein. Loin de provoquer des pulsions violentes comme l’ont suggéré de nombreux prohibitionnistes - pour plus d’information, tu peux lire notre article sur l’interdiction du cannabis en France, la substance permettait davantage de calmer les angoisses. 


C’est pourquoi les guerriers scythes, présents en Asie et en Europe entre le IXe et le Ier siècle avant JC, utilisaient régulièrement le cannabis. Il en va de même pour les indiens, qui mentionnent la ganja comme une boisson de guerriers. Une association ancrée dans la langue : la ganja y est surnommée “vijaya”, signifiant “victorieux” ou “invincible”. Cette coutume était également présente sur le continent africain, avec les Zoulous, qui, connus pour leur courage et leur détermination, utilisaient le dagga, une variété sud-africaine de cannabis, comme stimulant. 


Des vertus stimulantes qui n’ont rien d’étonnant, quand on sait que le CBD améliore les performances et la concentration. C’est pourquoi David Livingstone, un explorateur écossais qui a côtoyé les Sothos, une autre tribu africaine, a écrit “Ils se sont assis et ont fumé (du cannabis), leur intention étant d’accomplir une attaque efficace”.

Une arme pour déstabiliser l’ennemi ?

Mais l’usage du cannabis pendant la guerre ne se limite pas à l’entretien physique et moral du soldat. Bien que plus marginal que les deux premiers, on trouve également certains cas d’utilisation de la plante à des fins offensives. 


L’objectif est souvent de mettre l’ennemi hors d’état de nuire en rendant disponible une substance qui perturberait sa capacité à combattre. On retrouve notamment ce cas de figure pendant la Guerre Froide, qui fut le théâtre de nombreux travaux sur la dispersion de drogues. En 1949, le scientifique Luther Wilson Greene listait 61 substances pouvant être utilisées comme des armes incapacitantes. Le cannabis figurait en haut de la liste.


C’est ainsi que pendant la guerre d’Afghanistan, les moujahidines abandonnent régulièrement des stocks d’opium et de cannabis pour affaiblir les soldats soviétiques, qui consommaient ces substances de manière déraisonnée, ce qui réduisait leurs réflexe et leur capacité à se concentrer. 

Le cannabis pendant la guerre : une substance parmi de nombreuses drogues

Les drogues, un acteur omniprésent lors des conflits

Lorsque l’on s’intéresse à l’usage du cannabis pendant la guerre, on se rend bien vite compte qu’en réalité, les drogues ont toujours été présentes sur tous les champs de bataille de l’Histoire. C’est la thèse défendue par le chercheur polonais Lukasz Kamienski dans son ouvrage Shooting Up: a History of Drugs in Warfare, paru en 2012. 


Ainsi, toutes les drogues et autres substances psychoactives ont fréquenté les rangs de l’armée. Le cannabis est donc loin d’avoir un statut particulier. 


Comme mentionné précédemment, l’alcool s’est souvent imposé comme un moyen de se donner du courage, et ce, de tout temps. Là où les hoplites, ces fantassins de la Grèce antique, partaient combattre après avoir ingurgité de grandes quantités de vin, les Aztèques ingéraient du pulque, un alcool aux herbes et aux épices qui produisaient des effets narcotiques. Dans les temps modernes, Napoléon distribuait du brandy à ses troupes, tandis que ses adversaires de la Royal Navy britannique préféraient le rhum. Un constat que résume parfaitement le maréchal Pétain en disant que “de tous les approvisionnements envoyés à l’armée pendant la guerre, le vin était certainement le plus attendu et apprécié par le soldat ”


Les amphétamines étaient également un incontournable des champs de bataille. Hitler était d’ailleurs un de ses plus grands partisans, consommant jusqu’à 150 pilules par semaine. Leur avantage ? Réduire les besoins en sommeil et en nourriture et aider à mieux gérer la douleur. Pendant la guerre, il allait jusqu’à distribuer des barres de chocolat aux méthamphétamines aux pilotes (Fliegerschokolade) et aux conducteurs de char (Panzerschokolade).

Des Etats soucieux de limiter leur consommation

Mais cette consommation massive de substances pose bien sûr la question de leur contrôle, avec notamment la crainte de les voir diffusées auprès des civils. 


Jusqu’aux années 1930, leur consommation était globalement tolérée au sein de la société. Leur utilisation par l’armée est progressivement devenue taboue à mesure que les gouvernements de nombreux États se mettaient à les interdire. Pendant la Première Guerre Mondiale, les Britanniques craignaient notamment que les vétérans ne répandent de la cocaïne à travers le pays. Même souci pendant la guerre du Vietnam, face aux articles de presse relatant la dépendance des soldats, poussant le président Nixon à lancer une campagne de dépistage.  


Aujourd’hui, l’armée française interdit la consommation de drogues et de cannabis, réduisant cette dernière à sa version psychoactive. En effet, rien n’est mentionné sur le CBD … 



On espère que cette rétrospective sur la place du cannabis dans l’Histoire militaire aura su t’intéresser. N’hésite pas à consulter notre blog pour plus de contenu historique en lien avec le CBD et le cannabis, et de notre côté, il est temps de replier notre équipement pour une nouvelle affectation …


Cake it easy, 

Joséphine